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Photo du rédacteurColin Eric

L'INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE : comprendre et utiliser nos émotions

Dernière mise à jour : 2 août 2022


Nous possédons 2 esprits en nous : un esprit rationnel et un esprit émotionnel. Nous possédons également 2 systèmes de mémoires : le cerveau comprend un système mémoriel pour les faits ordinaires et un autre système mémoriel pour les faits chargés en émotion. Le système limbique est le siège des émotions. L'amygdale est une partie du cerveau qui appartient au système limbique. Elle gère notre mémoire affective et agit comme une sorte de sentinelle. Elle est alimentée directement en informations par les organes sensoriels. A l’affut, notre amygdale examine chaque situation en comparaison avec nos expériences passées similaires. Son principal filtre de perception est : « est-ce que c’est nuisible pour moi ? ». Si la réponse est oui, une alerte expresse se déclenche via un trajet neuronal direct, qui court-circuite le néocortex (et donc notre capacité de raisonnement). Cette voie directe permet d’agir lorsqu’une réaction instantanée est nécessaire. L’inconvénient de cette voie expresse est que le signal ainsi transmis est incomplet, imprécis et en quelque sorte rudimentaire. Ceci explique notre manque de discernement lorsque nous sommes en proie à nos émotions.


Les émotions sont en quelque sorte l’héritage de la partie animale qui est en nous. Elles ont grandement contribué à notre survie en nous préservant de nombreux dangers. Elles nous permettent de réagir au plus vite aux éléments et aux circonstances extérieurs. Elles permettent, par exemple, de décider quasi instantanément entre fuir ou combattre. Cependant, notre système émotionnel semble plus adapté à la vie sauvage qu’à la vie en société. En effet, l’aspect "archaïque" et automatique de notre système émotionnel nous amène à commettre des erreurs d’appréciation qui peuvent aboutir à des réactions impulsives et inadaptées. Pourquoi avoir le cœur qui s’emballe comme si un prédateur allait surgir des hautes herbes alors que je suis simplement en train de prendre la parole en réunion ?


Les émotions sont à l’image de la météo. Elles changent, elles demandent à ce que nous composions avec elles, à ce que nous nous adaptions. Cependant, nous avons un plus grand pouvoir d’action sur nos émotions que sur le temps qu’il fait (à condition de nous entrainer).


L’entrainement émotionnel empêche que l’émotion prenne le contrôle total de nos pensées et de nos comportements. Il permet également de tirer le meilleur de l’émotion (en utilisant l’énergie de la colère par exemple). Cette capacité à transformer une réaction automatique en réponse adaptée est une composante de l’intelligence émotionnelle. L’intelligence émotionnelle comprend d’autres dimensions telles que la perception et l’évaluation des émotions (verbales et non verbales). La capacité à les exprimer correctement aux autres. La faculté à accueillir et à assimiler les émotions pour distinguer chacune d’entre elles et reconnaitre l’impact qu’elles ont sur nous. La compréhension émotionnelle permet d’identifier ce qui les déclenche, les intensifie ou les atténue et ouvre les portes de la régulation émotionnelle. Il est alors possible de faire la transition d’une émotion à une autre, de vivre ou d’abonner une émotion selon son utilité dans un contexte donné.


Il existe différents systèmes de classification des émotions. Vous avez peut-être déjà lu ou entendu les termes d’émotions primaires et secondaires. Les émotions primaires désignent les premières émotions vécues depuis notre naissance : joie, tristesse, peur, colère, dégoût, surprise. Elles sont considérées comme innées et sont également appelées les émotions de bases. Les émotions secondaires voire tertiaires seraient construites à partir de mélange d’émotions primaires. Il existe également les émotions dites sociales parmi lesquelles on trouve la honte, la culpabilité, l’embarras, la jalousie et l’envie. Contrairement aux émotions primaires présentes depuis notre naissance, les émotions sociales apparaissent plus tard dans l’enfance. Elles ont donc fait l’objet d’un apprentissage et impliquent des processus cognitifs (comme l’évaluation de soi et la comparaison aux autres).


Les émotions peuvent également être classifiées d’après leur intensité et leur valence, c’est-à-dire le fait qu’elle soit ressentie comme positive ou négative. Pour chacune des grandes familles d’émotions, il existe une multitude de déclinaisons en fonction de l’intensité. Cette déclinaison d’émotion selon l’intensité permet d’appréhender le principe de chaînes émotionnelles. Voici quelques exemples de chaînes émotionnelles :


Curiosité > Intérêt > Attrait > Focalisation > Obsession


Souci > Préoccupation > Anxiété > Angoisse > Panique


Désapprobation > Irritation > Colère > Furie > Rage


Les émotions agissent sur notre attention (comme un point de focus), sur nos pensées et notre vision du monde. Elles influencent la lecture que nous faisons de chaque situation.

Les émotions agissent sur notre comportement. Elles peuvent pousser vers l’action et le lien avec les autres comme elles peuvent mener, au contraire, au repli sur soi et à la rumination.


L’émotion est une réponse primaire du corps à la satisfaction ou à la non-satisfaction d’un besoin fondamental. Généralement, l’émotion est perçue positivement lorsque ce besoin est satisfait (émotion de joie, sérénité, fierté…) et négativement lorsque ce besoin n’est pas satisfait (émotion de peur, colère, honte…). Pourtant, les émotions ne sont ni positives ni négatives elles sont ressources ou limitantes en fonction d’un contexte particulier.


Quand il s’agit des émotions, il peut être difficile de verbaliser précisément son ressenti. Au cours de mes accompagnements, je suis particulièrement vigilent lorsque j’interroge un(e) client(e) sur ses émotions. Parfois, la réponse apportée ne répond pas à la question posée. Voici quelques exemples de confusions possibles lorsque l’on cherche à identifier une émotion.


L’émotion est différente du jugement de valeur que l’on porte sur soi au moment de la vivre. Ex : « Quelle émotion avez-vous ressenti à ce moment-là ? Je me suis senti nul. » La personne ne répond pas à la question et ne parle pas de l’émotion de honte ou du sentiment culpabilité (par exemple) qu’elle a pu ressentir dans la situation.


L’émotion est différente du comportement que l’on manifeste en réponse à cette émotion. Ex : « Quelle émotion avez-vous ressenti à ce moment-là ? Je me suis mis à crier sur mon fils. » La personne parle de son comportement mais ne parle de l’émotion de colère (par exemple) qu’elle a pu ressentir à ce moment-là.


L’émotion est différente de la manifestation physiologique qu’elle engendre. Ex : « Quelle émotion avez-vous ressenti à ce moment-là ? J’ai ressenti comme une boule au ventre. » La personne parle de sa réaction corporelle mais ne parle pas de sa peur d’échouer (par exemple).


L’émotion est différente de l’interprétation que l’on fait de la situation où l’émotion a été vécue. Ex : « Quelle émotion avez-vous ressenti à ce moment-là ? J’ai vraiment eu l’impression que les choses ne seraient plus jamais comme avant. La personne parle de son interprétation de la situation mais pas de son émotion de tristesse (par exemple).


Voici une technique en plusieurs étapes pour analyser avec plus de justesse les émotions que nous vivons :


1. définir la valence ou la connotation de l’émotion : Est- ce que l’émotion que je vis est agréable ou désagréable ?


2. définir l’intensité de l’émotion : L’intensité de l’émotion qui me traverse est-elle forte, moyenne ou basse ? Dans le cas d’une émotion, l’intensité est souvent forte. Lorsqu’elle est moyenne on parle plutôt de sentiment (voir plus bas pour la différence entre émotion et sentiment). Pour une intensité basse, il s’agit alors d’un état d’âme ou d’une humeur. Plus l’émotion est intense plus il est urgent d’agir sur elle pour éviter qu’elle nous déborde et prenne le contrôle.


3. définir les symptômes ou les manifestations de l’émotion : Comment s’exprime cette émotion en moi, dans mon corps, dans mon esprit, dans mes comportements… Comment elle influence ma vision du monde ? Quel élan me donne-t-elle ?


4. Nommer l’émotion : Le fait de nommer notre émotion nous amène à passer d’un ressenti assez vague à quelque chose de concret sur lequel nous pouvons agir. De plus, prendre le temps de choisir des mots pour décrire notre émotion réduit l’activité de notre système limbique.


S’entrainer régulièrement à analyser nos états émotionnels dans la journée permet de renforcer notre capacité à reconnaître et comprendre nos propres émotions. Nous pouvons d’abord nous entrainer à heure fixe (matin, midi, soir par exemple), comme si nous nous donnions rendez-vous avec nous-même. Puis ponctuellement, au moment d’activations émotionnelles, lorsque surviennent des évènements particuliers dans notre journée.


Différences entre émotions et sentiments :


Émotion : une émotion est une mise en mouvement qui se manifeste au niveau du corps avec plus ou moins d’intensité et de conscience. Une émotion est spontanée et passagère, déclenchée par un stimulus externe. Elle n’est pas raisonnée et ne répond à aucune logique. Son langage est physiologique. Le corps se met en tension suite à une charge énergétique.


Sentiment : le sentiment est une émotion associée à une pensée. C’est une construction mentale. Le sentiment est plus enfoui et silencieux que l’émotion, plus pérenne aussi. Il n’a pas besoin de stimulus pour envahir les pensées et peut nous habiter plus durablement qu’une émotion. Plus le sentiment est ressassé, plus il se renforce. Les sentiments peuvent naître également d’imbrications d’émotions, d’autant plus si la charge énergétique de celles-ci n’a pas été évacuée.


Accueillir, reconnaitre et nommer l’émotion ne constituent que les premières étapes de l’intelligence émotionnelle. Nous avons vu que ce cheminement devait nous aider à apporter une réponse adaptée aux émotions que nous vivons. Très souvent nous ressentons et exprimons les émotions mais nous ne répondons pas à l’information, au message qu'elles portent. L'attribut fonctionnel est le terme qui désigne l’information ou le message de l'émotion. Il y a un attribut fonctionnel (appelé aussi signal d’alerte) pour chacune des émotions, même les plus déplaisantes.


Quelques exemples d’attributs fonctionnels :


- Attribut fonctionnel du regret : j’aurais pu faire les choses différemment, je vais en tirer les leçons à l’avenir.


- Attribut fonctionnel de la culpabilité : je n’ai pas respecté une de mes valeurs importantes, j’ai transgressé une règle de conduite importante pour moi, je vais en tenir compte à l’avenir.


- Attribut fonctionnel de l’anxiété : je ne suis pas encore prêt pour ce qui arrive, j’ai besoin de me préparer davantage.


- Attribut fonctionnel de l’épuisement (se sentir dépassé): je fais trop de choses en même temps, j’ai besoin de prendre du recul et de définir mes priorités.


- Attribut fonctionnel de la colère : mon bien-être est menacé, une de mes valeurs importantes n’est pas respectée par l’autre, je pose mes limites pour que ça ne se reproduise plus.


- Attribut fonctionnel de la jalousie : j’ai besoin de faire quelque chose pour préserver mon bien-être émotionnel ou ma relation de couple.


- Attribut fonctionnel de la tristesse : j’ai perdu quelque chose ou quelqu’un d’importance à mes yeux, j’ai besoin de faire un travail d’acceptation de cette perte.


L’attribut fonctionnel d’une émotion déplaisante précise ce que nous avons besoin de faire pour réagir de manière appropriée à cette émotion. L'attribut fonctionnel d'une émotion nous permet de prendre soin de notre écologie interne.


La 1ère étape pour utiliser nos émotions est de comprendre ce qu’elles nous signalent. La 2ème étape est de réagir de manière appropriée à ce message en fonction de notre objectif.


Prenons un exemple pour l’illustrer. La frustration et la déception sont les deux émotions liées au fait de ne pas obtenir ce que l’on veut. Mais se sentir frustré(e), est-ce différent/plus utile/plus adapté que de se sentir déçu(e) ?


Dans la frustration, nous voulons toujours quelque chose et nous restons dans l’action pour l’obtenir. Si l’atteinte de l’objectif est toujours possible, et que c’est vraiment important pour nous, il vaut mieux alors se sentir frustré(e), poursuivre nos efforts et trouver de nouvelles façons d’atteindre l’objectif.


Dans la déception, quelque chose n’est «plus» et nous nous désengageons, nous arrêtons d’agir, nous « laissons tomber »… pour passer à autre chose. Si l’atteinte de l’objectif n’est plus possible, il est préférable dans ce cas de se sentir déçu(e), d’accepter de ne pas obtenir ce que nous voulions au départ et de vouloir autre chose que nous pouvons obtenir.


L’attribut fonctionnel transforme l’émotion en un sentiment utile. C’est en devenant conscient de l’émotion ressenti et de son attribut fonctionnel qu’il devient possible de réagir de manière appropriée.


De ce fait, nous comprenons mieux maintenant que même déplaisante ou douloureuse, une émotion a toujours une utilité. Elle met en évidence un besoin qui n’est pas consciemment exprimé. Répondre à ce besoin consiste à choisir et donc éprouver une autre émotion qui favorisera la satisfaction de ce besoin. Voici 2 illustrations de réponse émotionnelle adaptée à un besoin (de réalisation) selon que l’objectif soit toujours atteignable ou pas :


  • Frustration en réponse à un besoin de réalisation non satisfait > curiosité (dans la recherche de nouvelles stratégies) > enthousiasme > détermination (à atteindre l’objectif fixé)


  • Déception en réponse à un besoin de réalisation non satisfait > acceptation (de ce qui n’est plus possible) > curiosité (dans la recherche de nouveaux objectifs) > enthousiasme (par rapport aux nouvelles perspectives) > détermination (à atteindre le nouvel objectif)

Notre réaction à une émotion peut être conditionnée. Notre éducation, la société dans laquelle nous vivons peut nous amener à manifester une émotion qui n’est pas l’émotion authentique ou d’origine. On parle d’émotions "racket" ou substituées. Pour les repérer, j’amène la personne que j’accompagne à se connecter vraiment à la partie d’elle-même qui ressent l’émotion. L’émotion racket se manifeste généralement quand l’émotion d’origine et moins facile à gérer pour la personne ou lorsque celle-ci n’est pas bien admise culturellement (exemple de la tristesse qui peut se manifester sous forme de colère pour les garçons à qui on a appris qu’il ne fallait pas pleurer).

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