J'ai souvent constaté, dans le cadre de mes accompagnements, que les émotions que nous ressentons influencent fortement notre vision du monde et nos comportements. Elles peuvent nous maintenir dans une situation problématique et nous limiter dans nos choix. Nous nous sentons souvent débordés par nos émotions et nous cherchons par tous les moyens à les gérer, les contrôler voire à nous en débarrasser, mais avant de chasser une émotion il peut être salutaire d’écouter ce qu’elle a à nous dire. Vous trouverez ci-dessous un protocole d’auto-ancrage PNL pour générer une émotion sur commande, mais d’abord intéressons-nous de plus près au fonctionnement de nos émotions.
L’émotion est une réponse primaire du corps à la satisfaction ou à la non-satisfaction d’un besoin fondamental. Généralement, l’émotion est perçue positivement lorsque ce besoin est satisfait (émotion de joie, sérénité, fierté…) et négativement lorsque ce besoin n’est pas satisfait (émotion de peur, colère, honte…)
Les émotions ne sont pourtant ni positives ni négatives elles sont ressources ou limitantes en fonction d’un contexte et/ou d’un objectif particulier.
Les émotions, même les plus déplaisantes, ont un attribut fonctionnel. L'attribut fonctionnel est le terme qui désigne le message de l'émotion en lien avec le besoin que nous avons à prendre en considération afin de répondre à l’émotion de manière appropriée.
Voici quelques exemples d’attributs fonctionnels :
- colère : mon bien-être est menacé par autrui, une de mes valeurs n’est pas respectée, j’ai besoin de poser mes limites pour que cela ne se reproduise plus.
- culpabilité : je n’ai pas respecté une de mes valeurs importantes, j’ai transgressé une règle de conduite importante pour moi ou pour l’autre, j’ai besoin d’identifier de quelle valeur/règle il s’agit pour y prêter attention à l’avenir.
- anxiété : je ne suis pas encore prêt pour ce qui arrive, j’ai besoin de me préparer davantage.
Très souvent nous ressentons et exprimons les émotions mais nous ne répondons pas au message qu’elles portent. En identifiant l’attribut fonctionnel d’une émotion, nous pouvons la transformer en une sensation utile et savoir ce que nous avons à faire pour réagir avec pertinence à cette émotion. Dans certaines circonstances, il s’avère que la meilleure chose à faire soit de passer à une autre émotion pour répondre de manière appropriée au message que nous avons identifié.
Prenons l’exemple de l’anxiété en lien avec une échéance à venir : Je me sens anxieux par rapport à une présentation de projet que je dois réaliser dans le cadre professionnel. J’ai accueilli mon émotion, j’ai identifié qu’il y a certains points de la présentation que je ne maîtrise pas et j’ai donc besoin de me préparer davantage pour me sentir plus serein. Je suis reconnaissant de l’information que m’apporte mon émotion mais j’ai déjà consacré un temps précieux à cette présentation et c’est difficile pour moi d’envisager en consacrer davantage. L’émotion d’anxiété n’est pas la plus appropriée pour m’aider à me mettre au travail dans cette situation et j’aurai plutôt besoin de motivation. Très bien, mais comment faire grandir la motivation en moi à ce moment-là ?
Il arrive parfois que nous sachions de quelle façon nous souhaitons nous sentir mais que nous n’arrivions pas à instaurer ce sentiment en nous. Voici une technique simple et pratique pour avoir accès à nos émotions.
L’auto-ancrage : Le principe de cette technique est de se plonger dans une émotion précise en utilisant des expériences intenses de son passé, puis d’installer un geste qui pourra nous ramener immédiatement au même état ressource. Voici le protocole pour l’auto-ancrage :
1-Definir comment je veux me sentir.
2-Se rappeler un moment où j’ai pleinement ressenti cette émotion. Lorsque que j’ai identifié le souvenir, choisir un geste discret qui servira d’ancrage kinesthésique (saisir un poignet par ex.).
3-Replonger dans ce souvenir et s’y associer pleinement, en essayant de voir ce que je voyais, d’entendre ce que j’entendais et, le plus important, de ressentir ce que je ressentais à ce moment-là.
4-Une fois immergé dans ce souvenir, utiliser le geste d’ancrage dans la phase montante de l’accès à l’état ressource (juste avant le pic d’intensité émotionnel). Maintenir l’ancre quelques instants, en ressentant pleinement le sentiment associé au souvenir, et la relâcher quand l’intensité de l’état émotionnel commence à diminuer (*cf. schéma pour le timing de l’ancre).
5-Faire un « état séparateur », c’est-à-dire trouver un moyen de détourner mon attention du souvenir choisi et de l’émotion qui l’accompagne, par une brève discussion avec quelqu’un, un calcul mental, ou une liste de course par exemple... C’est une coupure qui permet de sortir momentanément de l’état ressource.
6-Tester l’ancre. Il est important de déclencher l’ancre de la même manière qu’elle a été posée : précisément au même endroit et avec la même pression. Je dois retrouver un état ressource identique ou très proche de celui que j’ai ressenti dans le souvenir choisi précédemment.
7-Relacher l’ancre et évaluer ce qui se passe. Si le sentiment positif diminue rapidement, refaire le geste pour accéder de nouveau à l’émotion. Faire ceci jusqu’à ce que je parvienne à avoir accès à l’émotion en utilisant l’ancre et que je puisse maintenir l’état émotionnel pendant un moment après l’avoir relâchée.
*timing de l’ancrage
Si l’ancre ne permet pas d’avoir accès à l’émotion, refaire tout le processus en revivant le souvenir le plus intensément possible ou en faisant appel, si nécessaire, à d’autres souvenirs vécus en lien avec l’émotion que je veux retrouver. Il est possible de jouer sur les paramètres du souvenir pour le rendre plus intense (couleur, clarté, mouvement, volume sonore…). On peut également augmenter l’efficacité de l’ancre en le ré-ancrant un grand nombre de fois.
Je tiens à préciser que l’ancre n’est pas forcément associée à un geste, elle peut être associée à une image (interne, externe, un symbole …) ou un son (musique, bruit, mot, voix intérieure).
L’ancrage est utilisé en coaching PNL et en hypnose sous d’autres formes comme l’ancrage ressource au contexte qui permet d’instaurer une émotion ressource dans un contexte particulier ou encore la désactivation d’ancre négative qui consiste à opposer 2 expériences incompatibles (1 état émotionnel ressource et 1 état émotionnel limitant) de façon à neutraliser l’expérience négative.
Sans qu’elle fasse forcément l’objet d'un protocole spécifique, j’utilise l’émotion (et son attribut fonctionnel) dans le cadre de coaching de vie pour aider les personnes que j’accompagne à redonner à l'émotion sa fonction première, notamment lorsque celle-ci est considérée uniquement comme envahissante et problématique dans un contexte particulier. Lorsque les personnes parviennent à identifier l'attribut fonctionnel de l’émotion déplaisante qu’elles ressentent, elles peuvent alors prendre soin de leur écologie interne en répondant à leur besoin fondamental.
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